Le sujet de la réindustrialisation de la France est ce qu’on pourrait appeler un « marronnier ». Les politiques et les milieux d’affaires l’appellent régulièrement de leurs vœux, mais force est de constater que le chemin semble semé d’embûches parfois insurmontables. Arnaud Pichard, Président du Retour de l'Industrie en France (RIF), considère que la situation actuelle, marquée par un ralentissement économique, une instabilité politique et une dégradation du système de formation, représentent des freins considérables pour la dynamique industrielle.
A la différence des États-Unis, qui ont construit au fil des années des chaînes industrielles solides et intégrées, l'industrie française n’est plus capable aujourd’hui de générer une masse critique pour assurer sa compétitivité.
En voici les principales causes !
La formation, un levier sous-exploité
Un des obstacles majeurs à la réindustrialisation porte sur le recrutement. Les entreprises peinent à attirer et à conserver les bons talents. Historiquement, le système éducatif français a formé des ingénieurs et techniciens reconnus à l’international. Or, la perte de prestige de certaines écoles et le recul de la France dans les classements internationaux pèsent sur la qualité des recrutements industriels.
LA SOLUTION
- Une meilleure adéquation entre l’offre de formation et les besoins des entreprises. Comment ? En adaptant les cursus, en renforçant les filières techniques et en promouvant l’apprentissage.
Un cadre réglementaire peu favorable
Le poids de la bureaucratie est un autre frein. En France, l'obtention d’un permis pour un site industriel peut prendre jusqu'à quatre ans, un délai insoutenable pour les investisseurs. Les politiques publiques fonctionnent trop souvent par effet d’annonce, sans mise en œuvre concrète et rapide des réformes nécessaires.
LA SOLUTION
- Simplifier les procédures administratives et accélérer les processus de décision. Un cadre réglementaire plus souple et incitatif favoriserait l’installation et le développement des entreprises industrielles.
L’IA, une opportunité à ne pas sous-estimer
L’essor de l’intelligence artificielle représente un levier puissant pour l’industrie. En facilitant la virtualisation et l’ingénierie des sites industriels, l’IA permet d’optimiser les processus de production, de réduire les coûts et d’améliorer la qualité.
LA SOLUTION
- Développer des solutions technologiques « made in France » et assurer son indépendance en matière d’IA et de Cloud. Cependant, la dépendance aux technologies étrangères pose un véritable problème de souveraineté. Il est crucial que la France puisse disposer de sa liberté industrielle pour assurer son développement dans les années à venir.
Six mesures stratégiques pour un renouveau industriel
Le RIF préconise plusieurs mesures clés pour réindustrialiser la France :
- Réduire les écarts de compétitivité-coût avec les autres pays européens, en allégeant la fiscalité et les charges sociales pesant sur l’industrie.
- Stimuler l’innovation en augmentant les investissements en R&D, afin de renforcer l’avance technologique des entreprises tricolores.
- Simplifier les démarches administratives et améliorer l’accès au foncier, pour accélérer la création et l’expansion des sites industriels.
- Aligner les politiques industrielles, commerciales et de concurrence au niveau européen, pour garantir une autonomie stratégique face aux grands acteurs mondiaux.
- Réorienter la commande publique vers les industriels français, en favorisant les entreprises locales dans les marchés publics et en intégrant notamment des critères d’innovation et de souveraineté économique dans les appels d’offres.
Des signaux positifs pour l’avenir
Malgré ces défis, certains secteurs industriels français conservent une position de leader. Le pays excelle notamment dans le traitement de l’eau et le secteur du bâtiment (où la construction hors site gagne du terrain).
Également, la France possède des infrastructures solides, un savoir-faire reconnu et un tissu industriel résistant. En s’appuyant sur ces atouts et en adoptant des réformes structurelles ambitieuses, elle pourrait redevenir une puissance industrielle de premier plan.
Réindustrialisation de la France, est-ce toujours le même « chemin de croix » ?
On en (re)parle avec Arnaud Pichard, Président du RIF (Retour de l'Industrie en France) »
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